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Mathilde Roux : jeux de surfaces, cartes et territoires des mots 

Article de Jean-Paul Gavard-Perret

En ses collages Mathilde Roux n’est pas de celles qui font du bruit avec les mots qui ne disent rien qui vaille ni de ces peintres qui poinçonnent leurs œuvres de nostalgie en les soumettant à quelque chose du passé sous le prétexte de se débarrasser de la part la plus inconnue d'eux-mêmes. Avec elle le collage peut donc "dire" parfois ce que les mots et les images ne font pas. Il avance pour retrouver le sens perdu du réel, cernant de plusieurs côtés la perte et laissant le champ libre à tout ce qui pourrait advenir. Renouant avec une forme de figuration particulière et une vision déportée du paysage l'artiste joue des apparences qu’elle « encarte », décale et « image » de ses mots. 

Au sein de cette figuration le travail pousse une porte non sur l'onirisme mais vers une vision "lynchéeene" des choses : la représentation glisse vers une re-présentation - d'ailleurs sans cette dérive l’art n'est rien qu'un décor. Créant un pont entre le territoire et sa carte, l'artiste plonge en un univers à la fois ouvert et fermé. Il traverse le champ des apparences et en conséquence, si une certaine « figuration » fait loi, nous sommes loin du réalisme. Et c'est bien là le piège nécessaire choisi par l'artiste pour nous confondre et nous confronter à ce qu'il en est du réel et à ce qu’il représente. D’autant que l’artiste et poétesse le jalonne de ses incidences phrastiques. Le diable du réel est soudain à nos trousses mais il est pris (comme est pris l'artiste ?) dans un univers formel à la recherche de l'algorithme de l’existence.

Article paru dans Le Salon Littéraire en septembre 2015.

Jean-Paul Gavard-Perret est écrivain, critique liitéraire et critique d'art contemporain.

 ----- Lire l'article sur le site Le Salon Littéraire. 

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